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Espace Kamer 9 / K9
Daniel sait presque aussi bien que moi que je ne connais rien à la photographie, rien à la vidéographie. Certes, je suis aussi platonicien que tout le monde : le soleil, le visible, le théorique ne me sont pas tout à fait étrangers (même si je renâcle). Et puis il y a le –graphique !
“Activiste à sa manière, et tout est là. Le travail qu’on a pu voir à la Galerie 100 titres, aux Abattoirs de Bomel, dans de nombreux lieux à Tournai, ailleurs encore, nous réveille, ‘en douce’.
Nous amène à ouvrir les yeux, les oreilles sur ce qui se passe dans notre ville, notre pays, notre monde. Ce que peut-être nous ne voulons pas voir, ni savoir. Mais devrions…
C’est la manière qui est unique, qui est le locus de Daniel, le lieu d’où il parle, mais aussi sa matière, sa question, son thème.
Car son engagement, s’il est constant, décidé, n’est pas affaire de messages ou d’injonctions, et ses propositions invitent à une lecture ouverte : non certes ouverte à tout. Ses flous ne sont pas le propre de ces berneurs que nous connaissons trop, ses décalages entre images, entre textes et images ne sont pas des contradictions, mais aident à mettre en mouvement notre regard, notre écoute, notre pensée.
Humour, ironie, Nougé, le Daily Bul, une poésie sans rien de solennel-et-‘profond’. Une certaine sagesse : comme l’écrit un autre Daniel (Harms), ‘Toute sagesse est bonne à condition que quelqu’un l’ait comprise. Une sagesse incomprise risque de s’empoussiérer’. Nulle poussière ici !
Jetez l’œil, et le bon.
Philippe Hunt : à propos du travail de Daniel Locus – extrait - 2021
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